Derrière un bon chiffre, un mauvais signal

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Ce que vos tableaux de bord vous cachent peut coûter cher

 

Et si vos tableaux de bord vous coûtaient plus qu'ils ne rapportent ?

Chaque mois, des équipes entières passent des heures à compiler, mettre en forme et commenter des chiffres. Résultat : des colonnes de données, des graphiques colorés, des reportings distribués… et souvent, un sentiment rassurant : « Nous maîtrisons la situation. »

Mais dans les faits, beaucoup de dirigeants continuent à naviguer à vue.

Insight clé : reporting ≠ pilotage

La confusion la plus fréquente, c'est de croire que reporting = pilotage.


  • Le reporting décrit le passé (ventes réalisées, marges obtenues, dépenses effectuées).
  • Le pilotage transforme ces chiffres en décisions : comprendre les causes, anticiper les risques, corriger la trajectoire.


👉 Le reporting décrit. Le pilotage agit.


 🔎 Cas vécu en comité de direction : derrière un bon chiffre, un mauvais signal

Lors d'une mission auprès d'un comité de direction, je découvre un P&L fraîchement revu après l'intervention de cost killers. Premier constat : la marge brute a augmenté. Tout le monde applaudit, la direction est rassurée.

Mais là où tout le monde voyait une victoire, j'ai pointé une autre réalité :


  • Oui, la marge progresse.
  • Mais les volumes reculent.
  • Résultat : des parts de marché qui s'érodent.


À court terme, les économies masquent la réalité. Mais une fois toutes les lignes de coûts rabotées, que reste‑t-il ? Une croissance fragilisée et un risque stratégique bien plus grand.

Ce n'est pas du pilotage, c'est du constat à court terme. 

Le vrai pilotage, c'est anticiper : et après ?


Le chiffre qui interpelle

Une étude de l'UCANSS (2022) montre que 54 % des managers citent la charge de travail et le stress comme leur principal défi. Or, les reportings et analyses de performance font partie intégrante de cette charge.

Autrement dit : au lieu de simplifier la vie des managers, trop de tableaux de bord la compliquent.

Et selon Gartner, 64 % des managers estiment avoir trop d'indicateurs et pas assez de clarté pour décider.


Conseil pratique : la règle des 3–6–3

Pour transformer vos tableaux de bord en véritables leviers de pilotage, testez cette règle simple :


  1. 3 objectifs stratégiques maximum.
  2. 6 KPI clés directement reliés à ces objectifs.
  3. 3 catégories de lecture : Passé (reporting) : ce qui s'est produit. Présent (pilotage opérationnel) : ce qui se passe. Futur (pilotage stratégique) : ce qui va probablement se produire.


👉 Si un indicateur ne rentre dans aucune de ces catégories… il n'est peut‑être pas indispensable.


La touche CLeRE

Bien piloter, c'est aussi une posture :


  • Conscience : voir au‑delà des chiffres, comprendre la chaîne de valeur réelle.
  • Liberté : oser supprimer des indicateurs inutiles.
  • Expressivité : utiliser les KPI pour dialoguer, pas pour sanctionner.
  • Réciprocité : des indicateurs qui éclairent autant les managers que les équipes.
  • Exactitude : s'appuyer sur des données fiables, pas sur des vanity metrics.


Les KPI ne sont pas une fin en soi. Ce sont des leviers de dialogue et d'action collective.


Et après ?

👉 Prochain numéro : OKR vs KPI. Et si le vrai problème n'était pas de choisir… mais d'arrêter de les opposer ?

 En conclusion

Un tableau de bord doit être un outil de clarté. Il ne s'agit pas de mesurer plus, mais de décider mieux.

Et vous, vos tableaux de bord : vous aident‑ils vraiment à piloter… ou seulement à constater ?